Les 11 principes du Strala Yoga

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Dans la grande majorité des cas, lorsqu’on demande à nos nouveaux élèves s’ils connaissent le Strala Yoga, la réponse est “non”.

On prend alors quelques minutes pour leur expliquer rapidement en quoi cette pratique est différente des autres. On leur parle de mouvement naturel, de l’idée de bouger avec aisance, d’explorer les postures et de se connecter à leurs sensations… Mais cela reste toujours assez succinct.

Alors on s’est dit que ce serait une bonne idée d’écrire un article complet sur les principes du Strala !

En tout, il y en a 11 – mais ce ne sont en aucun cas des commandements ! Et vous verrez, au fur et à mesure de leur découverte, ils prennent de plus en plus de sens.

Allez, c’est parti !

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Photo : Kirthana Amirthavasani

Principe #1. Relâcher

Ce premier principe, c’est la base de la base ! Le Strala Yoga est basé sur le mouvement. Un mouvement doux, fluide et continu. Et pour pouvoir bouger facilement et efficacement, il faut commencer par relâcher : libérer les tensions, décontracter les muscles. La rigidité empêche le mouvement. Un corps verrouillé ne peut pas bouger.

Cela semble évident, et pourtant c’est souvent l’inverse qui se produit dans un cours de yoga. On s’installe dans une posture et on engage, on tend, on contracte… Et on devient une véritable statue, figée jusqu’au bout des doigts. Il devient alors impossible, ou très coûteux, de se mettre en mouvement.

Et pourtant, dans la nature tout est mouvement. Et même lorsqu’on est parfaitement immobile, tout bouge en permanence à l’intérieur de nous.
L’illustration parfaite de ce mouvement perpétuel, c’est la respiration.

“When we soften, much more becomes possible. » – Strala Yoga

Principe #2. Établir la connexion corps-souffle

Et justement, avec le deuxième principe du Strala Yoga, on cherche à établir la connexion entre le corps et le souffle.

Naturellement, l’inspiration permet de créer de l’espace, d’ouvrir, de déployer.

Et l’expiration permet de détendre, de s’ancrer, d’aller un peu plus loin.

C’est assez facile à observer lorsqu’on s’installe en posture assise et qu’on amène de l’attention sur la respiration : à chaque inspiration, la cage thoracique s’ouvre, les épaules se soulèvent légèrement et la colonne vertébrale s’allonge; et à chaque expiration, c’est l’inverse qui se produit.

Lorsque le corps est relâché, on peut utiliser le souffle comme fuel du mouvement.

C’est lui qui nous permet de donner le premier coup de pédale pour sortir de l’inertie facilement, sans faire d’effort.

Le souffle amorce le mouvement et le corps suit. Chaque inspiration génère une expansion (vers le haut / vers l’extérieur) et chaque expiration amène une rétraction (vers le bas / vers soi).

La pratique (le flow) consiste donc en une alternance de mouvements d’expansion et de rétraction qui s’enchaînent au rythme de la respiration, comme une vague.

“Every inhale creates space, every exhale moves you in. » – Strala Yoga

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Photo : Kirthana Amirthavasani

Principe #3. Bouger à partir du centre

Le centre, c’est l’origine.

Lors de la gestation, nous nous développons depuis le centre (et pas depuis les extrémités).

Nos principaux organes sont situés dans l’abdomen, notre cœur et notre respiration siègent dans la poitrine.

Lorsque le centre du corps bouge, tout le reste bouge. En revanche, le mouvement d’une extrémité reste localisé et isolé.

Quand on bouge à partir du centre, le mouvement se propage naturellement vers les extrémités, comme une onde. On gagne alors en efficacité et en fluidité, sans effort.

Le mouvement devient également plus harmonieux car on profite de l’inertie générée par le centre qui, si le corps est suffisamment relâché, se diffuse jusqu’au bout des doigts et des orteils.

“Let your body go along for the ride. » – Strala Yoga

Principe #4. Utiliser les opposés

Utiliser les opposés permet de développer l’efficacité du mouvement en utilisant le principe du balancier : on crée d’abord un léger mouvement dans la direction opposée à celle où l’on souhaite aller (en arrière avant d’aller en avant, à droite avant d’aller à gauche, en haut avant d’aller en bas).

Transférer le poids du corps d’un côté à l’autre génère de l’inertie et permet de passer plus facilement d’une posture à l’autre. C’est ce que l’on fait spontanément quand on lance un objet vers l’avant : on commence par reculer, par s’éloigner de notre cible.

C’est aussi un moyen de décharger la ou les parties du corps que l’on souhaite mettre en mouvement, ce qui se produit naturellement quand on marche par exemple (on place instinctivement le poids du corps sur le pied qui reste au sol pour pouvoir déplacer l’autre).

Ainsi, pour amener le pied droit devant et venir en fente depuis le chien tête en bas, on va d’abord transférer le poids du corps à gauche pour libérer la mobilité du côté droit.

Même chose pour le passage de la planche à la planche côté qui se fait plus facilement lorsqu’on crée une légère impulsion en se balançant d’abord du côté opposé.

C’est une façon d’optimiser le mouvement et de rendre la pratique plus durable (on s’épuise moins vite donc on peut pratiquer plus longtemps).

“Move away from your goal, then toward it. » – Strala Yoga

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Photo : Julian Mathieu

Principe #5. Prendre de l’élan

Ce cinquième principe est complémentaire au précédent, celui d’utiliser les opposés.

En effet, en créant un mouvement de balancier, on génère de l’élan. Et au lieu de stopper cet élan pour s’immobiliser ensuite pendant plusieurs respirations dans une posture, on utilise cette énergie pour faciliter les transitions d’une posture à l’autre.

Le mouvement devient alors plus fluide et continu, sans arrêt ni blocage.

Encore une fois, c’est ce que l’on fait sans réfléchir lorsqu’il s’agit de sauter d’un endroit à un autre : on prend de l’élan en courant et/ou en pliant les genoux. Et on sait bien qu’il est beaucoup plus simple (et moins gourmand en énergie) de faire quelques pas en arrière avant de s’élancer plutôt que d’utiliser la détente sèche.

On revient ici à l’idée d’un mouvement naturel appliqué à la pratique du yoga.

Ainsi, pour passer de la fente au guerrier 3, on va d’abord amener les hanches vers l’arrière avant de basculer vers l’avant, comme si on se plaçait dans les starting-blocks avant de s’élancer.

“If you fight movement, you’ll lose. » – Strala Yoga

Principe #6. Utiliser le corps entier

Comme on l’a vu précédemment, dans la pratique du Strala Yoga, on bouge depuis le centre du corps. Et le mouvement du centre entraine le reste du corps, sans isoler ou dissocier aucune partie.

C’est une façon d’envisager le corps comme un tout, et pas comme un assemblage de pièces détachées que l’on place arbitrairement les unes par rapport aux autres parce qu’une règle d’alignement standardisée en a décidé ainsi (le pied arrière à 90° en guerrier 2, les hanches vers l’avant en guerrier 3, les mains sous les épaules en chat, etc.).

Le mouvement devient complet et optimal, sans sur-solliciter certaines zones et utiliser la force d’une partie du corps pour vaincre la résistance d’une autre (ce qui mène le plus souvent à la blessure).

C’est assez flagrant avec le handstand : le plus souvent, on commence par planter les mains au sol puis on lance les jambes en l’air en priant très fort pour se retrouver en équilibre ! La force du bas du corps doit alors être absorbée par les poignets et les épaules pour ne pas tomber à la renverse. Et à la longue, cela finit par user inutilement ces articulations.

Mais il existe une meilleure façon de faire, qui engage tout le corps dans le mouvement : on commence par s’installer en demi grand-écart puis on transfert doucement le poids du corps vers l’avant, jusqu’à poser les mains au sol au-delà du pied avant. Les hanches suivent et se placent sans forcer au-dessus des épaules, puis la jambe arrière décolle naturellement, suivie par le pied avant.

Une version douce du “kick”, plus durable, dans laquelle toutes les parties du corps fonctionnent ensemble harmonieusement.

“When you go on war with yourself, someone is going to lose, and that someone is always you. » – Strala Yoga

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Photo : Kirthana Amirthavasani

Principe #7. Créer de l’espace

Dans un cours de Strala, lorsqu’un challenge se présente on essaie toujours de commencer par créer de l’espace. On cherche d’abord à créer l’ouverture et la détente avant d’aller plus loin dans une posture.

On fait en sorte de créer les meilleures conditions pour aborder les challenges avec aisance. Et ça commence avec le souffle : on commence par prendre une belle inspiration pour ouvrir, et on utilise l’expiration pour aller plus loin.

Cela correspond à l’idée d’ouvrir une porte : si une porte est fermée devant nous, on ne peut plus avancer. Il faut d’abord l’ouvrir pour pouvoir passer à travers.

Prenons l’exemple de la chaise en torsion : on peut commencer par s’installer dans la chaise et y rester plusieurs respirations (ce qui constitue déjà un premier challenge) et depuis cette posture, pivoter le buste pour s’installer dans la torsion et y rester à nouveau quelques respirations. Il est probable que cette configuration ne soit pas très confortable car on ajoute un challenge à un autre challenge. Le résultat, c’est une double dose de stress !

A la place, on peut commencer debout, prendre une belle inspiration pour monter les bras (on crée de l’espace) puis expirer en pliant les genoux pour s’installer dans la chaise. On inspire ensuite pour remonter (on crée de nouveau de l’espace) puis on expire en pliant les genoux et en pivotant le buste d’un côté pour s’installer dans la torsion.

Cela revient à prendre une grande bouffée d’air avant chaque nouvelle étape.

It’s unnatural to move into a closed door. » – Strala Yoga

Principe #8. Conserver l’énergie

C’est vraiment la clé pour développer une pratique efficiente et durable. En Strala, on fait en sorte de fournir strictement l’effort nécessaire pour faire ce qu’on a à faire ; ni plus, ni moins.

On utilise uniquement ce dont on a besoin, et on met le reste au repos. Cela ne signifie pas que l’on « travaille » moins, mais que l’on travaille mieux.
On ne cherche pas systématiquement à engager, contracter, tendre l’ensemble du corps dans chaque posture, ce qui conduit rapidement à la rigidité et à l’épuisement. Au contraire, on essaie de relâcher tout ce qui ne nous sert pas, pour économiser l’énergie et pratiquer plus longtemps dans de meilleures conditions.

Cela nous amène par exemple à plier légèrement les coudes dans le guerrier 2, à fléchir les genoux dans le chien tête-en-bas, à relâcher le bas du corps dans une torsion assise, etc.

C’est ce qu’on applique quand on fait de l’escalade par exemple : développer un mouvement efficace pour pouvoir grimper longtemps et ne pas se retrouver KO au bout de 3 prises !

“Use what you need, rest what you don’t. » – Strala Yoga

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Photo : Julian Mathieu

Principe #9. Ressentir

En Strala Yoga, on pratique “à la sensation”. On se laisse guider par nos ressentis dans chaque posture, chaque mouvement et chaque transition.

On coupe le mode automatique dans lequel on se réfère à une liste d’alignements standardisés et souvent inadaptés, pour passer en pilote manuel, trouver la meilleure version de chaque posture et créer sa propre façon de bouger en fonction de l’état dans lequel on est quand on pratique.

C’est un vrai travail d’exploration en 3 étapes :

  1. Ralentir : bouger lentement et prendre le temps d’observer ce qui se passe (si on bouge trop rapidement, on risque de passer à côté de quelque chose)
  2. Avoir confiance : valider les messages qu’on reçoit et les prendre en compte
  3. Répondre : ajuster sa pratique à ce qu’on ressent à chaque instant

 

L’idée, c’est de récolter des sensations et de s’adapter en permanence aux signaux du corps pour optimiser sa pratique.

“Move how it feels good to move. » – Strala Yoga

Principe #10. Se concentrer sur la position du corps

Dans le Strala Yoga, on essaie toujours de partir d’une base stable et confortable puis de trouver la meilleure position pour chaque partie du corps par rapport aux autres à chaque instant.

Pour toutes les zones qui sont en contact avec le sol, on tend à les écarter davantage dans la largeur pour créer plus de stabilité : les pieds dans la posture debout ou dans la fente haute, les pieds et les mains dans le chien tête-en-bas, etc. En revanche, on diminue l’espace dans la longueur pour faciliter les transitions d’une posture à l’autre.

Le mouvement est également optimisé via la flexion des genoux et l’orientation des extrémités.

Imaginons par exemple la transition entre la fente haute et le guerrier 3. Si on s’installe dans une fente très longue, le genou avant au-dessus de la cheville, la cuisse avant parallèle au sol et la jambe arrière tendue, ce mouvement requiert de lancer la jambe arrière vers le haut pour se propulser vers l’avant en entrainant une pression importante sur le genou avant et de grandes chances de perdre l’équilibre au passage !

Pour faciliter cette transition on commence par réduire l’écartement des pieds dans la longueur, on plie légèrement le genou arrière et il suffit ensuite de transférer doucement le poids du corps sur le pied avant et de basculer les hanches pour décoller aisément le pied arrière, sans à-coup. Le reste du corps (buste, bras, jambe arrière) se place ensuite naturellement dans la posture, sans forcer.

C’est en prenant en compte la position du corps dans son entier que l’on crée l’harmonie dans le mouvement.

“Alignment is created by moving in harmony with yourself as a whole connected being. » – Strala Yoga

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Photo : Kirthana Amirthavasani

Principe #11. S’amuser

C’est sûrement le principe le plus important !

C’est la clé pour apprivoiser les challenges en douceur et développer sa créativité.⁠

Plus vous jouez et explorez, plus vous découvrez les capacités de votre corps et développez votre potentiel.⁠

C’est ce qu’on fait naturellement quand on est enfant et qu’on a tendance à oublier à l’âge adulte : arrêter d’analyser, de suivre à la lettre une liste de consignes et utiliser son tapis comme un terrain de jeu. C’est l’autoroute vers l’état de flow et le retour au moment présent.

Quand vous jouez au frisbee, vous n’avez pas besoin de penser à la position de votre pied arrière ou de votre genou avant, vous bougez spontanément sans même y réfléchir.

Et quand les choses se corsent, qu’un challenge plus costaud se présente, on fait en sorte de conserver cet état d’esprit, de continuer à s’amuser en explorant et en appliquant les principes du mouvement naturel.

“Have fun in all you do, and you will always be playing. » – Strala Yoga

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