Une phrase qu’on entend beaucoup dans l’univers du Yoga, et d’autant plus depuis l’avènement du yoga en ligne, c’est : « j’ai peur de ne pas bien faire la posture« .
Et on peut tout à fait l’expliquer :
- Quand un professeur s’étend sur les alignements, et priorise la forme géométrique de l’élève plutôt ses particularités anatomiques (oubliant que chaque corps est différent)
- Quand un professeur explique qu’il ne faut pas que le genou dépasse la cheville en fente, ou que les bras doivent former un angle droit en chaturanga (pas plus, pas moins), et tout ça en laissant sous-entendre qu’il est très simple de se blesser si on déborde de ce cadre rigide
… il est plutôt normal que les élèves finissent par se sentir hésitants et nourrissent une peur de pratiquer seuls.
La « peur de ne pas faire la bonne posture en yoga » semble légitime.
Mais… l’est-elle vraiment ?
« Bien faire la posture » : la plus grosse arnaque du yoga mainstream !
Quand on accueille un ou une nouvelle élève, que ce soit en ligne ou en présentiel, on prend toujours quelques minutes pour présenter le Strala Yoga.
9 fois sur 10, l’élève n’en avait jamais entendu parler et s’était simplement laissé guider par quelques infos glanées sur le site ou l’invitation d’un ou d’une amie déjà en cours avec nous.
Du coup, on démarre par un petit topo très simple dans lequel on parle justement de cette fameuse bonne posture.
- Généralement, on commence en expliquant que le Strala, c’est un mélange de Tai Chi et de Yoga ; qu’on bouge Tai Chi, et qu’on parle Yoga,
- Et qu’on se base sur un principe fondamental : nous sommes tous différents.
Structurellement d’abord, au niveau de nos os (forme, taille, proportion…) et de nos tissus (muscles, tendons, fascias…) – ce qui détermine notre amplitude naturelle de mouvement.
Mais aussi notre morphologie, notre flexibilité, notre force, notre histoire (accidents, blessures, passé sportif…), etc.
Bref, nos corps sont très (très) différents.
Dit comme ça, c’est une évidence, mais à une époque où un prof de yoga peut venir nous tapoter un coude légèrement plié en guerrier 2 pour nous inciter à le tendre et ainsi coller au schéma en bonhomme-bâton de son livre de formation… Il faut malheureusement prendre le temps de le rappeler.
Et donc ces différences, elles nous amènent à une certitude : nous aurons tous notre propre façon de faire telle ou telle posture.
Ce qui fait que, comme on aime le dire, dans un cours de Strala Yoga, nous n’allons pas guider nos élèves sur un plan (le cours) à travers une série de croix dessinées dessus (les postures).
Nous allons plutôt les guider de zones en zones.
Ces zones correspondent aux postures du flow et dans chacune d’elles, on retrouve ma propre version de la posture (Rémi), celle de Gwen, celle de Clara, celle de Marion, celle d’Emmeline, celle de Rapha, etc.
Bien faire la posture en yoga… ce n’est pas ce qu’on croit
Avec notre premier principe fondamental, on comprend donc qu’on ne va pas tous faire la même posture.
L’idée d’UNE bonne posture perd complètement son sens.
Et ça nous amène à statuer : « bien faire la posture« , ça ne peut donc pas se faire en suivant à la lettre une liste d’instructions valable pour toutes celles et ceux qui se posent sur leur tapis pour pratiquer.
Si vous souhaitez pousser la réflexion, vous pouvez vous lancer dans la lecture de notre article « pourquoi il n’y a pas d’alignements en Strala Yoga« .
Maintenant, ça ne nous dit pas comment on parvient à notre propre version de la posture.
Pour ça, il faut s’appuyer sur le second principe fondamental : le plus important, c’est de se sentir bien.
Ici, on a l’idée que pour se diriger dans ces zones, on va utiliser notre corps comme une boussole.
Ce sont nos sensations qui vont nous guider.
En arrivant dans une posture, on va tout de suite chercher à savoir comment on se sent et explorer pour trouver la config’ la plus confortable.
On va lézarder en quelque sorte. On va systématiquement enclencher le pilote manuel et se questionner.
Le prof sur son tapis n’est qu’une suggestion sur le côté
On ne peut pas sentir pour nos élèves.
Donc c’est à eux de faire le boulot et de trouver leur propre version de la posture.
Nous, on ne peut que donner des suggestions de mouvement.
Et d’ailleurs, c’est ce qu’on dit toujours, arrivés à ce moment-là de l’échange : ce n’est pas parce que l’élève ne fait pas exactement comme nous qu’il a « faux ».
Nous, nous ne sommes qu’une suggestion sur le côté.
En guerrier 2, notre guerrier 2 n’est qu’un guerrier 2 parmi tant d’autres.
La règle d’or ici, c’est donc que « tant qu’on se sent bien, c’est ok ».
Au regard de tout ça, quelqu’un de « bon en yoga », ou « un bon élève »…
Ce n’est pas un élève qui « réussit » à faire plein de postures compliquées.
On ne monte pas en grade en débloquant des postures.
L’idée, c’est plutôt que « quelqu’un de bon en yoga », c’est un élève qui adapte tout et ne force jamais.
C’est un élève qui adapte à lui, à son propre corps ; et aussi à lui, aujourd’hui.
On ne se sent pas exactement pareil d’un jour à l’autre.
Parfois, on a la fatigue d’une grosse séance de sport dans les jambes, avec quelques lourdeurs et des courbatures. Et puis parfois, on a une forme dingue et plein d’énergie.
Dans les deux cas, on ne sentira pas la même chose en s’installant dans la même version de la pyramide par exemple.
Les jours de grande forme, on se sentira léger et mobile, la sensation d’étirement sera douce et plaisante, et le lendemain d’une longue rando on fera peut-être la grimace à mi-parcours.
Pratiquer à la sensation, c’est donc pratiquer en adaptant en permanence.
Et ce travail d’adaptation des postures à soi n’est pas un one-shot. Ce n’est pas un travail qu’on ne fait qu’une fois à ses débuts en Strala Yoga, pour trouver toutes ses versions à soi et ensuite les utiliser dans les cours.
C’est une façon de pratiquer à part entière qui imprègne notre mouvement sur le tapis.